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Paru le mardi 18 février 2020

Sonic le Film : la Critique

Sonic au cinéma !

Ça y est. Hollywood l’a fait. Sonic a son propre film. Après cinq années de rumeurs et d’incertitudes, surtout quand on revoit le design du Hérisson bleu prévu à l’origine, on se dit que ce film, dans la lignée de Pokémon Détective Pikachu, revient de loin. Par amour de l’art ou du pognon, il a été décidé que l’Éclair Bleu devait changer de tête, pour éviter un échec et des moqueries dont la licence n’a clairement pas besoin. En cela, Motion Picture Company Vancouver a fait un travail formidable, et l’on peine à croire à la fermeture de ce studio historique. Si le buzz engendré par le premier look de Sonic a permis de faire parler du film, il faut bien reconnaître que ce redesign était indispensable pour profiter pleinement de ces 1h40. Parce que Sonic le Film est sympathique, on ne peut pas lui enlever ça. Mais là où il y a du bon, il y a toujours un peu de moins bon (notez qu’on ne dit pas "mauvais" non plus).

Le long-métrage est un buddy-movie qui suit Sonic le Hérisson et un policier appelé Tom Wachowski vivant à Green Hills, une petite ville tranquille des États-Unis. D’entrée de jeu, l’alchimie entre les deux personnages fonctionne bien. Les ennuis commencent quand une surtension provoquée par la super-vitesse du hérisson entraîne une panne de courant sur des kilomètres à la ronde. La majeure partie du film consiste en un road-trip où les deux amis vont devoir échapper au Docteur Robotnik, scientifique de génie travaillant pour le gouvernement des Etats-Unis, et retrouver les anneaux de Sonic perdus à San Francisco. Ces anneaux dorés permettront à Sonic d’échapper à tous ceux convoitant son pouvoir, encore jamais vu sur Terre.

La fonction des anneaux évoque leur utilisation dans les comics Archie © Paramount Pictures

Dans son ensemble, le film est un blockbuster d’action et d’humour assez généreux. Ça speede, ça explose, ça balance des blagues à la minute. Le ton du film étant plus cartoonesque que réaliste, l’humour (pas révolutionnaires) est majoritairement à destination des enfants. Mais en terme d’émotions, le film ne touche pas toujours sa cible en plein cœur. D’ailleurs, on peut se demander quelle est exactement sa cible... Si le film est classé tout public, il semble s’adresser d’avantage aux enfants, en tout cas aux familles. Par ailleurs, certaines blagues et de nombreuses références à la licence vont s’adresser à un public plus avisé.

Point à chaud à la sortie du film

 Akiroux :
« Bon, ça y est je l’ai vu. C’était franchement moyen. Pas aussi pire que ce j’aurai pu croire en voyant la première bande-annonce, mais clairement pas aussi bien que ce que j’avais pu lire comme avis des gens de PSo qui sont déjà allés le voir ». C’est en gros la réaction que j’ai eu en sortant de la salle. L’humour n’ayant pas marché sur moi, l’action ne m’ayant pas plu plus que ça, je suis ressorti en me disant que je n’étais tout simplement pas la cible de ce produit commercial…

 Di-Luëzzia :
J’étais surexcité. Non pas que le film m’ait fichu une si grande claque, mais bon sang, Sonic au cinéma ! Très emballé par ce que le film nous propose, bien que le côté grandiose ne soit pas très appuyé. La faute a des décors parfois assez fades, et une réalisation ne mettant pas assez en valeur le côté épique de l’aventure. Mince quoi, Sonic et un policier sont poursuivis par le gouvernement ! Enfin, un maniaque du gouvernement, pour être précis. En revanche, le film ouvre un univers qui mériterait d’être exploité dans une suite de films. Donc, surexcité à l’idée de voir tout ça un jour.

Inégal dans son rythme…

Le scénario est simple et facile à suivre. Sans prétention de grands messages à faire passer, le film nous présente un Sonic souffrant de solitude. En effet, il est arrivé sur Terre il y a longtemps, mais il se cache sans cesse, personne ne l’a jamais vu. Seulement voilà, émotionnellement ça ne prend pas trop. Il manque quelque chose à la mise en scène pour nous le faire vraiment ressentir, et c’est là que les décors auraient pu avoir un rôle à jouer. Mettre en opposition la solitude du héros et une ville trépidante de monde, par exemple. Seulement voilà, Green Hills est une petite ville pourrie du fin-fond de la campagne, et la solitude est finalement partout. Tom Wachowski est seul à surveiller la circulation, son collègue est seul dans son bureau lors de la panne de courant… Par conséquent, cette empathie que le film nous demande pour Sonic a du mal à venir.

Lanceur Sonic joue contre lui-même © Paramount Pictures

On pourra pester sur l’introduction du film, cette manie de nous mettre une scène censée se dérouler à la fin, un arrêt sur image, et le personnage qui nous dit « Je vais vous expliquer comment on en est arrivé là ». Le temps peut aussi paraître long au bout d’une heure de film, quand on alterne un peu trop souvent des scènes de vitesse fulgurante ou d’action tonitruantes avec des moments de calme plat. Que ce soit dans une maison du fin fond du Montana, ou sur une petite route en bordure de forêt. Certains gags propres au style cartoon peuvent paraître illogiques, comme déguiser Sonic avec un chapeau et poncho et nous faire croire que personne ne voit qu’il n’est pas humain. Malgré ça, le scénario tient la route de bout en bout, sans incohérences majeures.

…Mais aussi dans ses décors

La vitesse de Sonic, les décors tous plus variés les uns que les autres, une mise en scène vertigineuse et des points de vue vertigineux… Par essence, la licence Sonic a toujours été extrêmement visuelle. Finalement, le passage par la case cinéma était inévitable, tôt ou tard. Est-ce que le film lui rend justice ? Malheureusement pas tant que ça. Les effets spéciaux sont plutôt réussis, même si on sent à certains moments que Sonic est bien un modèle 3D plutôt qu’un véritable hérisson venu d’un autre monde. Qu’on soit clair, ces moments sont rares, d’autant plus que les efforts sont clairement à la hauteur d’un Détective Pikachu. A côté de ça, les machines d’Eggman sont incrustées de façon convaincante dans le décor, et les effets visuels autour des pouvoirs de Sonic sont clairement saisissants (et rendent la scène finale vraiment intense, il n’y a pas d’autre mot).

La vitesse de Sonic est plus électrique que dans les jeux vidéo © Paramount Pictures

Pour ce qui est des décors, on regrettera que la représentation de l’emblématique Green Hill Zone ne dure que cinq minutes, surtout pour ensuite nous servir pendant plus d’une heure une campagne de sapins sans aucune esthétique. Green Hills ne rend pas du tout hommage à Green Hill, et ça se sentait dès les premières images du film dévoilées il y a un an. La lumière n’est pas particulièrement bien travaillée, à aucun plan on ne se dit « Wahou ! Visuellement ça claque ! ». Les couleurs sont généralement assez ternes. On peut se dire que la réalisation n’est pas très recherchée, mais il faut prendre en compte le fait que c’est le premier long-métrage de James Fowler. Pour un premier fait d’arme, il ne s’en tire pas si mal ! Simplement, le paysage où se passe la majeure partie du film est assez ennuyeux et anti-cinématographique. De la même manière, on ne peut pas dire que San Francisco soit particulièrement mise en valeur dans ce film, alors même qu’une scène capitale se joue sur le bâtiment le plus emblématique de la ville. Le long-métrage ne prend pas le temps de nous offrir de splendides panoramas sur la ville ou la nature. Le réalisateur n’a pas du comprendre que l’un des attraits de la saga est le voyage et la contemplation. En revanche, le générique de fin est très beau et s’avère être un vibrant hommage à l’ère Classique, avec son animation en pixel-art, reprenant les moments clés du film.

L’arrière-plan est joli, mais ce ne sera qu’un arrière-plan... © Paramount Pictures

Une vision inédite

S’éloignant du canon des jeux et de ce que d’autres dessins animés ont pu proposer, Sonic le Film nous présente une relecture des personnages intéressante, parfois éloignée de ce que l’on connait. Notre Éclair Bleu, fidèle à l’originel dans son assurance et son espièglerie, n’est pas un grand voyageur pour une fois. Il ne connait pas la planète Terre, à part la petite ville de Green Hills qu’il observe depuis dix ans. Il garde néanmoins son humour légendaire et l’attitude cool qui ont fait de lui une icône ! Il en devient beau et attachant, on s’identifie facilement à lui. Ses pouvoirs sont aussi un peu plus recherchés : sa super-vitesse produit des éclairs (d’où son surnom d’Éclair Bleu), il possède une énergie qui n’existe pas dans les jeux ou autres adaptations. C’est ce qui en fait un objet de convoitise pour Robotnik, et ce qui l’a obligé à quitter son monde natal.

Les grandes heures de Sonic Adventure 2 © Paramount Pictures

En parlant de Robotnik... On peut aussi dire qu’il a changé. Il montre un dégoût affiché pour les êtres humains, et une passion dévorante pour ses machines parfaites. On retrouve sa manie de rabaisser les autres pour se mettre en valeur sans arrêt, qu’on a pu admirer dans Sonic X ou les jeux de l’ère Moderne (surtout à partir de Sonic Colours). Sa bouffonnerie est aussi de la partie, car s’il se prend au sérieux constamment, il suffit d’un coup de poing ou d’un Spin Dash pour le mettre hors-jeu !

On remarque que le film est un peu plus réfléchi qu’il n’y parait, puisque le Hérisson bleu et Eggman sont à la fois opposés (l’un passe sa vie avec les humains mais les déteste, l’autre les évite constamment mais adorerait vivre avec eux), mais ils se ressemblent également : quand Sonic est seul dans sa cachette, il danse, et quand Robotnik est seul dans son camion… Il danse aussi. Fort sympathique au passage, de voir Eggman se trémousser sur une chanson dont les paroles sont « Evil grows… In me » (Where Evil Grows - The Poppy Family).

Jim Carrey offre une interprétation intéressante de Robotnik © Paramount Pictures

Profitons-en pour souligner le jeu de Jim Carrey, qui prend clairement beaucoup de place dans cette interprétation du savant fou : que ce soit par les grimaces, les danses, la gestuelle... L’acteur cabotine plus que jamais, parfois jusqu’au sur-jeu. Comment peut-on l’appeler ? Careggman ? EggCarrey ? Parce qu’il est difficile de ne pas y voir uniquement l’acteur à certains moments. Eggman peut avoir des mimiques tordues, mais à ce point-là, c’est inédit. Ce n’est pas forcément un point négatif, puisqu’il s’agit bien sûr d’une adaptation. Qui d’autre pour interpréter la folie d’un personnage aussi cartoonesque ? On peut dire que Jim Carrey a trouvé un bon moyen de revenir sur le devant de la scène.

Des personnages mieux écrits que d’autres

Evidemment, tout le film tourne autour de Sonic. Il est au centre de tout, et on pourrait dire qu’il porte l’action à bout de bras. Tout simplement parce que les autres personnages, Eggman exclus, sont transparents et fades. A la manière de Sonic X, le long-métrage choisit de montrer la découverte de Sonic par un humain, à qui le public est censé s’identifier. Seulement voilà, Tom Wachowski (bonjour la référence aux réalisateurs de Matrix) n’a aucun charisme. James Mardsen joue un policier dans une campagne paumée qui parle à des donuts. Comment prendre au sérieux qu’il veuille faire ses preuves dans une grande ville comme San Francisco ? Heureusement, ils en ont fait un bon samaritain qui ressemble un peu à Sonic, à toujours vouloir aider les autres et faire des blagues. Le tandem qu’il forme avec Sonic sauve son personnage, très plat et lisse, de l’oubli.

Les trois héros du film, du plus inutile au plus important © Paramount Pictures

Les autres personnages secondaires ne sont pas en reste question platitude. La copine de Tom ne sert à rien, si ce n’est avoir une sœur qui aime gueuler sur à peu près tout. Un comic relief peut-être sympathique mais assez cliché, clairement pas indispensable à l’histoire. D’une manière générale, les humains sont tous des faire-valoir sans aucune profondeur, et ce n’est pas d’eux qu’on se souviendra en sortant du cinéma.

Du plaisir pour les oreilles ?

La licence Sonic a toujours été célèbre pour la qualité de ses musiques, à quelques rares exceptions près. Comme pour les personnages, les décors ou l’histoire, force est de constater qu’on balance entre le bon et le banal. On appréciera tout d’abord les différents clins d’œil aux jeux vidéo, et surtout le thème principal de Sonic Mania : après être apparu dans le jeu et le court-métrage, puis en remix dans Team Sonic Racing, le voir mentionné ici montre une volonté d’en faire à terme le thème principal de la saga (ce dont elle a toujours manqué). C’est une sensation très particulière de ressentir une fibre nostalgique avec une musique datant d’il y a deux ans.

Mis à part ça, une grande partie des musiques accompagnant l’action a été recréée pour l’occasion, et ne reprend aucune musique connue. On pourrait saluer le fait de ne pas miser tout au long du film sur la nostalgie, qui prend déjà beaucoup trop de place dans les jeux depuis dix ans. Mais on se retrouve avec une musique orchestrale digne de n’importe quel autre blockbuster de notre époque. Certains passages ne manquent pas d’épique, notamment le climax, mais au final aucune musique ne se démarque du reste. On s’arrêtera cependant sur deux ou trois chansons pop-rock très connues qui donnent le sourire, ainsi que sur celle du générique de fin qui n’est pas particulièrement appropriée, et donc un peu décevante. Une chanson rock par Crush 40 aurait eu plus de sens !

Le doublage français est un peu inégal, lui aussi © Paramount Pictures

Pour finir, un petit mot sur la VF du film, qui peut être qualifiée d’hasardeuse. Sonic appelant le docteur « Eggman » sort un peu de nulle part. En VO, le savant fou appelle ses robots ses « œufs » (eggs). Sonic ayant la manie de donner des surnoms aux humains qu’il rencontre, le surnom a du sens. Mais en VF, la mention des œufs ne se retrouve pas dans les dialogues, et Eggman est le seul surnom non-traduit. Le forcing est donc plus qu’évident. Un autre problème est que l’on perd certaines blagues ou références, comme le très célèbre « Gotta go fast ! » ("Il faut que je speede !").
Tous les acteurs s’en sortent assez bien, mais il faut reconnaître que le « travail » de Malik Bentalha pour jouer Sonic est en-dessous de celui de Ben Schwartz (la voix de Sonic en VO), en plus d’être inappropriée car trop enfantine. Néanmoins, le résultat n’est pas inaudible. Il est toutefois regrettable que la mode d’embaucher des star-talent existe encore pour doubler un personnage de jeu vidéo cartoonesque. Surtout quand on sait tout le véritable talent dont est capable Alexandre Gillet, professionnel du doublage et voix française officielle de Sonic depuis Sonic X (et reprise depuis 2011 dans les jeux vidéo).

Conclusion

Les plus :Les moins :
L’humour, plus orienté enfants mais qui marche aussi sur les adultes. La bande-son, sans grande originalité.
Le scénario, qui n’atteint pas des sommets mais ne souffre d’aucune incohérence. Des personnages secondaires plats et oubliables.
Vous passerez un bon moment avec Sonic et Tom. Des décors ternes, mal mis en valeur.
La scène post-générique qu’on ne voit pas venir ! La VF, pour certains personnages…
Les nombreuses références à l’univers de Sonic

 Akiroux :
Pour terminer, je peux dire que ce film ne m’a pas déçu, mais il ne m’a pas plus non plus. Je suis conscient que c’est avant tout parce que je ne suis pas le public cible. Néanmoins si vous aimez vraiment Sonic, n’hésitez pas à le voir et n’ayez pas peur de la VF, qui n’est vraiment pas catastrophique. Vous passerez probablement un bon moment, encore plus si vous avez des enfants puisqu’ils devraient vraiment apprécier (comme ça a été le cas pour ceux qui étaient dans ma salle). Une dernière chose, la scène post-générique est LE moment que je retiendrai du film, restez donc bien jusqu’à la voir ! Une bonne nouvelle à l’heure actuelle est que le film semble très bien marcher, ce qui promet une suite dans les années à venir…

 Di-Luëzzia :
Sonic le Film est finalement assez cool, dans l’ensemble. Il n’a pas les moments épiques qu’ont pu avoir certains jeux, comme la scène d’introduction de Sonic Unleashed. Les bons moments sont contrebalancés par des éléments plus dispensables, assez éloignés de l’identité de Sonic. Espérons que les éventuelles suites nous montrerons plus de voyage, plus de spectaculaire, et plus de rock également. Parce qu’il mérite de connaitre une suite, ce film. Il ne commet pas de faute de goût impardonnables, et fait exception à la règle des mauvaises adaptations de jeux vidéo. Pour un premier film, le Hérisson Bleu s’en sort plutôt bien. Il a le mérite de poser les bases d’un univers prometteur, qui ne demande qu’à être développé. Et si c’est le cas, je serai en première ligne !

Retrouvez nos autres dossiers sur Sonic le Film :
 Les clins d’œil du film
 Les Paroles du générique
 Sonic Shots #4 : Le film, parlons-en !

© Paramount Pictures

Par Akiroux / Di-Luezzia le 18 février 2020

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Commentaires

  • Pour les gens qui disent pourquoi n’y a t il pas Tails, Knuckles,... dans le film parce que ça raconte l’histoire de Sonic avant qu’il ne l’est rencontre.

  • Pour les gens qui disent pourquoi n’y a t il pas Tails, Knuckles,... dans le film parce que ça raconte l’histoire de Sonic avant qu’il ne l’est rencontre. Sinon GG à Sega et à Paramount Pictures !!!

  • adaptation honnête, amusante, fun, bref c’est sonic au cinéma dans sa première itération vivement la suite !!

    bon point le redesign du personnage parce que l’autre abomination c’était juste non.
    les nombreux clin d’oeil à la saga de jeu.
    jim carrey en robotnik très bien.
    tails, la cerise sur le gateau à la fin.

    en espérant que la team sonic et la paramount ont en l’idée un sonic cinematique universe qu’ils ont penser mais surtout travailler pour être efficace tant dans les histoires et la technique.

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