Paru le dimanche 22 octobre 2023
Sonic Superstars - Test
Sonic Classique revient en force après Sonic Origins, et cette fois-ci pour une aventure inédite ! Sonic Superstars est le premier jeu toutes années confondues où les personnages Classiques ne sont pas dans un jeu anniversaire. Pour marquer le coup, Naoto Ohshima revient sur la série qu’il a contribué à créer, avec son studio Arzest, en partenariat avec la Sonic Team. Le retour du gameplay Mega Drive (ou plutôt un ersatz) dans Sonic Generations était la première étape d’un processus logique : à force de changer les gameplays des jeux Sonic dans toutes les directions (pour le meilleur et pour le pire), de nombreux fans voulaient revoir le Sonic avec lequel ils ont grandi dans les années 90.
Pour contenter les anciens joueurs comme les nouveaux, SEGA a décidé de sortir à la fois des jeux Modernes en 3D, et de vrais jeux Classiques en 2D, fidèles aux premières années de la licence (pas comme les Advance ou les Rush, qui étaient sympathiques mais avaient leur identité propre). Sonic Superstars s’inscrit dans cette lignée de véritable retour aux sources, et on peut dire que le projet n’a jamais été aussi abouti. Mais atteint-il la perfection ?
Un Sonic Classique en 3D
Dès les premiers instants du jeu, on reconnait les bases de ce qui a fait la magie des jeux Classiques : une introduction animée pour planter le décor (comme Sonic CD), des premiers niveaux rapides et des décors en damiers (comme Sonic 1 et 2), des Boss imposants et d’autres plus petits disséminés à la fin de chaque acte (comme Sonic 3), des décors chatoyants et des musiques entraînantes. On a enfin le plaisir de parcourir des niveaux complètement inédits malgré tout, et ça, ça fait du bien après 12 ans à ne nous sortir que des jeux tournés vers la nostalgie de la Mega Drive. Tout ça grâce à une histoire complètement nouvelle, située entre Sonic Mania et Sonic Adventure (puisqu’on est dans l’époque Classique), qui se suit allègrement avec des cinématiques muettes en fin de niveaux.
Les graphismes mettent en valeurs un univers coloré, avec de jolies textures, bien que celles-ci soient un peu plus baveuses sur Switch. La version Nintendo souffre aussi d’aliasing, c’est-à-dire des contours pixellisés. L’aspect 3D est une complète nouveauté pour un jeu Classique, et rend justice à la direction artistique globale du titre. Sonic Mania avait été pensé comme un jeu Classique tel qu’il aurait été fait sur Sega Saturn, cette fois on entre de plein pied dans la modernité avec une modélisation très agréable à l’œil, que ce soit pour les environnements, les personnages ou les ennemis.
Les musiques de Sonic Superstars sont très plaisantes, gardant un aspect très Mega Drive mais avec des synthétiseurs qui montrent la volonté d’aller de l’avant plutôt que de toujours regarder le passé. Elles sont hyper entraînantes et seraient très agréables à écouter juste comme ça, même sans jouer au jeu (celles du casino, ahlala). D’ailleurs elles changent à chaque acte, ce qui amène encore plus de variété au jeu.
Une petite pointe de nostalgie bienvenue : le thème musical de Fang the Hunter, qui reprend en partie son thème de Sonic Triple Trouble !
Du neuf avec du vieux
La prise en main de Sonic Superstars est très fluide au premier abord, même si on sent un petit problème d’inertie qui rend les personnages légèrement lents au démarrage. Ça ressemble plus à une volonté de vouloir paraître réaliste, car quand Sonic et ses amis prennent leur élan (très vite), la sensation de vitesse est grisante ! Ce qui n’est pas le cas sous l’eau en revanche : se faire toucher par un ennemi stoppe la vitesse net, et milieu aquatique oblige, l’élan de rapidité met plus de temps à arriver. Problème, la grosse majorité des anneaux perdus a eu le temps de disparaitre…
On entre donc en terrain connu, avec des idées de level design et des badniks déjà vus sur Mega Drive, dans Generations, ou Mania… Sonic Superstars propose malgré tout ses propres idées, qui s’implémentent bien dans les environnements. Pour varier les plaisirs, les niveaux (séparés en deux actes, trois ou un seul parfois) ne sont pas complètement linéaires, et offrent différents embranchements, permettant parfois de collecter des médailles dorées. Petit détail amusant, la sélection de niveaux se fait dans un hub en 2D très similaire à celui de Sonic Generations, avec la possibilité de changer entre Sonic, Tails, Knuckles et Amy à volonté.
Ça n’a échappé à personne, SEGA a axé une bonne partie de sa communication sur le mode coopération. Eh bien il n’est pas du tout nécessaire pour finir le jeu. Il permet de sympathiques moments jusqu’à quatre joueurs, mais à quatre sur un seul écran, on imagine rapidement la confusion si tous les joueurs ne vont pas au même rythme. Néanmoins la possibilité de rattraper nos camarades par la pression d’un seul bouton est bien pratique. L’idéal serait sûrement de proposer un mode en ligne afin d’avoir chacun son propre écran de jeu, surtout pour profiter des différents modes du jeu. Le mode combat, qui demande de personnaliser un personnage robotique grâce aux médailles collectées dans le jeu, prend tout son sens à plusieurs.
Une difficulté accessible à tous
On retrouve la simplicité du gameplay Mega Drive : on court, on saute, on fait un Spin Dash. Tails peut voler en hauteur, Knuckles peut grimper et planer, et Amy a le double saut ainsi que son marteau. Qui a joué à Sonic Origins ne sera pas dépaysé, le jeu se joue de la même manière. La vraie nouveauté du titre tient dans les nouvelles capacités qu’offrent chaque Chaos Emerald. L’une d’entre elle permet de créer de multiples clones qui traversent l’écran, une autre transforme en boulet de canon…
Les pouvoirs d’Emeraudes ont un mécanisme semblable aux pouvoirs couleurs des Wisps, mais lorsqu’ils sont utilisés, ils ne peuvent être rechargés qu’après un checkpoint. Les niveaux de Special Stage permettant d’accéder aux gemmes sont cependant un peu brouillon, car la caméra est centrée sur l’Emeraude qui vadrouille dans tous les sens (alors que les niveau bonus à médailles, inspirés de Sonic 1 MD, sont bien mieux jouables). Les pouvoirs d’Emeraudes ne sont pas indispensables pour venir à bout du jeu, mais peuvent aider sensiblement le défi que représentent certains Boss.
Car oui, les Boss peuvent être… Pas forcément difficiles, mais au moins compliqués (du moins pour les premiers niveaux). La difficulté globale de Superstars est assez basse, ce qui rend le jeu accessible. En revanche les Boss représentent parfois le vrai défi du jeu, et il faudra s’y reprendre à plusieurs fois pour comprendre comment en venir à bout (et certains autres sont inutilement longs !). On apprécie que les développeurs aient enlevé le système de vies d’autrefois : quand survenait le game over, il fallait tout refaire depuis le début !
Perfectible, mais très bon
Sonic n’a jamais été aussi proche du retour aux sources avec ce Superstars. Ce nouvel opus reprend tous les codes des jeux Mega Drive, et il les utilise bien ! Mais… La consécration n’est pas encore là. Principalement parce que tous les ingrédients d’un bon jeu Sonic sont là, mais sont juste réutilisés sans volonté de véritable innovation. Le jeu ne serait fait que de nouveautés, sans recyclage, sans imiter les anciens, peut-être qu’il se hisserait à la hauteur du défi. Mais ce nouveau titre ne sort pas véritablement de sa zone de confort. Il est aussi dommage que le jeu propose peu de collectibles internes au jeu, comme des skins de personnages, un sound test, des making of…
La durée de vie est malgré tout correcte, car l’histoire promet quelques surprises qui permettent de revenir sur le jeu au moins une deuxième fois, et ça fait plaisir. Le personnage de Trip est sympathique dès qu’elle apparait à l’écran, et surtout, Superstars a le mérite de faire revenir Fang the Hunter, un personnage drôle et marquant qu’on n’avait plus vu depuis Sonic the Fighters (en 1996 !).
Le jeu se veut un héritier des jeux Mega Drive. Un nouveau pallier vers cet objectif a été atteint. Sonic Superstars est un jeu solide qui se parcourt avec plaisir. Certains peuvent avoir l’impression que le jeu est trop facile, trop linéaire, mais ça dépendra des attentes de chacun, et de leur niveau de réflexes. D’autres trouveront que le jeu a assez de challenge, particulièrement au niveau des Boss. Son aspect 3D joliment exécuté (un peu moins sur Switch) et un mode coopération qui a le mérite d’être présent, confèrent au titre une identité propre, et donneront envie aux joueurs de revenir régulièrement faire une partie !